C’était en août 1949 que Willem rencontre Ria. Dans les mois qui suivent, ils sont souvent sortis ensemble et Ria s’a plaint qu’elle avait une vie horrible avec son mari Piet. Fréquemment elle a dit à Willem qu’elle serait heureuse si son mari était mort. Willem voulait savoir si Ria était sérieuse: “Je connais un Belge que je pourrais demander de tuer Piet.” Ria était ravie et a approuvé la proposition. “Imagine… Une vie sans ce bâtard…!”
Mais il y avait un problème. Ce Belge n’existait pas. Willem l’avait inventé. Donc quand Ria lui a demandé plusieurs fois quand le Belge tuerait Piet, Willem disait qu'il le ferait lui-même. Willem et Ria ont décidé que ça se passerait durant une promenade au bord de l’eau. Willem a acheté un marteau avec lequel il frapperait Piet sur la tête. Ensuite, il jetait Piet à l’eau, le faisant se noyer. Un plan solide, mais les choses ont tourné autrement.
Ria et Piet ont fait une promenade le 25 novembre cette année. Willem les a suivis depuis leur maison, il avait le marteau avec lui, mais quand ils étaient tous sur le quai, Willem ne pouvait pas se résoudre à frapper. Alors, c’était temps de passer au plan B.
Ria donnerait à son mari une pilule de couchage le premier décembre et après elle aurait faire entrer Willem chez elle en fin de soirée. Il batterait avec le marteau ensuite son mari jusqu’à qu’il perdre connaissance et le traînaient ensemble dans la cuisine, où ils ouvraient le robinet de gaz et tueraient ainsi Piet.
Mais ce plan a aussi échoué. Piet n’a pas pris le somnifère, alors Ria a renvoyé Willem, qui attendait dehors avec le morteau. Le lendemain matin, Ria a dit à Willem qu’elle était réticente à l’idée d’exécuter le plan de tuer Piet. “Bien,” disait Willem, “alors je vais le faire seul.” Ria lui a donné la clé de sa maison, mais pour le reste, elle ne voulait pas prendre part au plan.
Cette nuit-là, Willem est entré dans la maison, est allé à la chambre de Piet et Ria, et a vu que Piet était endormi dans son lit. Willem voulait donner Piet un grand coup sur la tête avec le marteau, mais, tu sais, tu trouveras toujours que, juste à ce moment-là, Piet a tourné la tête et le coup n’a pas été aussi fort que prévu. Piet s’est réveillé à cause du coup contre sa tête et une bagarre a suivi, au cours de laquelle Willem a frappé Piet quelques fois de plus avec le morteau. Finalement, Willem s’enfuit.
Tout est bien qui finit bien? Pas du tout! Cette histoire a donné lieu à l’un des arrêts les plus importants du droit pénal néerlandais sur la doctrine de la tentative. À ce moment-là, la tentative de crime était punissable, mais pas la préparation; la préparation d’un crime est punissable seulement depuis 1994. Pour tentative, il faut qu’il a “un début d’exécution du crime”. Dans cette affaire, la question était de savoir si le fait de frapper la victime avec le marteau était le début d’exécution du plan de tuer la victime par asphyxie au gaz (ou peut-être seulement le début des violences physiques).
Si oui, le défendeur était passible d’une peine pour tentative de meurtre. Si non, il y a eu préparation non criminelle et le défendeur a été libéré (mais probablement été poursuivi pour agression, bien sûr).
Dans cet arrêt, la Cour suprême des Pays-Bas a décidé qu’était donné qu’il n’y a aucune preuve que le défendeur abandonnerait à tout moment son intention d’exécuter l’ensemble du plan, il y avait bien un début d’exécution - et donc une tentative punissable.
La réponse de la question si l’amour de Willem pour Ria a survécu la peine de prison n’est pas mentionnée dans l’arrêt, malheureusement.
HR 29 mei 1951, ECLI:NL:HR:1951:3, NJ 1951, 480 (Poging tot gasmoord).
Très intéressant et bien écrit :) mon conseil serait de faire attention à la concordance des temps soit tu fais ton texte au passé (passé simple, imparfait) soit au présent (présent, passé composé) mais il faut faire attention à ne pas mélanger les deux comme tu l'as fait, surtout au début