Le baron Georges Eugène Haussmann était l'une des personnes les plus influentes de la ville de Paris. Il n'était pas un homme de politique mais plutôt l'architecte engagé par Napoléon III pour aérer, unifier et embellir la ville qui était encore bloquée à l'époque médiévale. Le choix de démolir la plupart des petites rues et des quartiers a été extrêmement controversé car il s'agissait essentiellement de détruire ce qui avait été « l’âme » de la ville pendant des siècles, mais cette décision était considérée comme nécessaire car l'infrastructure de la ville n'était plus adaptée pour faire face à l'explosion démographique. Sortir Paris du Moyen Age pour la faire entrer dans l'ère moderne a créé l'espace nécessaire pour qu'elle devienne la destination qu'elle connaît aujourd'hui, poussant ainsi le reste du pays à la considérer comme le cœur de l'innovation, d'abord en politique et en architecture, puis en gastronomie moderne, en art, en haute couture et en équilibre entre vie professionnelle et vie privée (Nathaniel). Même si quelqu'un n'aime pas la ville, il est difficile de ne pas reconnaître sa majesté ni l'importance de son histoire pour mener la culture là où elle est aujourd'hui.

Napoléon III souhaitait vivement transformer Paris en une ville nouvelle et moderne, dotée d'un nouveau système d'égouts, de boulevards élargis, d'un système d'assainissement et d'un plan de ville cohérent. Lorsqu'il entendit parler de l'ascension d'Haussmann dans les rangs de divers postes gouvernementaux, il nomma le Baron comme préfet de la Seine, lui confiant la responsabilité de faire de la vision de Napoléon une réalité. Avant même que le premier coup de pioche ne soit donné pour commencer les travaux, les objections sont vives. Napoléon III était, avant tout, une figure militaire et de nombreux opposants aux rénovations affirmaient qu'il s'agissait simplement d'un moyen pour l'empereur de déguiser l'élargissement des boulevards en projet de travaux publics plutôt que d'une opération militaire visant à accroître la capacité de l'armée à parcourir les rues pour réprimer les soulèvements publics. La politique de l'urbanisation ne peut être séparée de la révolution culturelle qui s'est produite à la suite du nouveau Paris parce que « L'urbanisation de Paris n'était rien de moins que la transformation de la géographie politique et sociale et de la culture de la capitale » (Jordan). L'image quintessentielle du Paris de l'époque montre à quel point le flâneur était ancré dans la société française sans révéler que cet effet a été provoqué tout à fait volontairement par le plan d'Haussmann et de Napoléon visant à déplacer le centre de la ville (l'argent) vers l'ouest, loin de la Bastille. Cela faisait partie du plan visant à annexer les banlieues et à contrôler le centre de la ville (le pouvoir) afin de créer des circonstances où les soulèvements sont pratiquement impossibles. La division de Paris en de nombreux quartiers structurés autour de l'argent qui y était canalisé en fonction de ce que le gouvernement voulait soutenir, le baron et l'empereur ont pu séparer les riches des pauvres, ce qui les rendait plus faciles à gérer. En contrôlant les quartiers, ils contrôlaient le peuple et en contrôlant le peuple, ils contrôlaient le pouvoir. Même si Napoléon III a viré Haussmann vers la fin de ces grandes œuvres en citant que le baron était allé trop loin, la réinvention de la ville a été une des raisons pour lesquelles l'empereur a pu rester au pouvoir aussi longtemps.

Bien que les actions d'Haussmann soient politiquement chargées, il n'était pas un destructeur comme on le lui reproche souvent. Malgré le fait qu'il ait démoli une grande partie du Paris médiéval (les seules parties restantes étant le Marais, très différent avec ses courtes routes sinueuses et ses constructions désordonnées), le baron a créé le musée Carnavalet, qui abrite près de 500 000 objets datant de 450 ans avant Haussmann - un témoignage de son désir de transformer la ville en plaçant son histoire au centre, et non de créer quelque chose de complètement nouveau. Propulser Paris dans l'ère moderne grâce à la refonte architecturale d'Haussmann a été un exploit incroyable pour créer une ville disposant de l'espace nécessaire pour faire face au boom démographique et culturel de la fin du XIXe siècle. La ville a finalement été capable de gérer le pouvoir gouvernemental associé à la capitale d'une nation en établissant des systèmes solides qui ont perduré jusqu'à aujourd'hui : la création de systèmes d'égouts séparant l'eau sale de l'eau propre, l'intégration des débuts d'un système de transport public robuste circulant le long des nouveaux boulevards, et l'établissement d'importants bâtiments gouvernementaux au centre de la ville.