Voici ce que j'ai lu lundi.
Alan: Pourquoi les moines ont-ils décidé de se livrer à cette étrange pratique ?
Alain: Elle prend certainement sa source dans une doctrine très prégnante au XVIe siècle, qu’on appelait le memento mori – littéralement << souviens-toi que tu vas mourir >>
Alan: Pas vraiment gai !
Alain: Cette injonction visait à rappeler sans cesse aux fidèles combien la vie est fugace, pour le conduire à se détacher des biens de ce monde.
Alan: C'est une idée intéressante !
Alain: Aujourd’hui encore, à l’entrée de ces galleries, on peut lire cette phrase, inscrite à l’époque à destination des visiteurs : << Nous étions ce que vous êtes et vous serez ce que nous sommes. >>
Alan: Pas vraiment une pensée réjouissante.
Alain: Cependant, pour que les capucins décident de momifier leurs mort, il a peut-être aussi fallu une circonstance favorable, un déclic.
Alan: Et la première momie était née du hazard ?
Alain: C’est l’hypothèse de l’écrivain et spécialiste de l’Italie Dominique Fernandez << À la fin du XVIe siècle, certains de leurs corps (ceux des capucins) furent retrouvés intacts dans le sous-sol de leur monastère : ainsi découvrit on les propriétes miraculeuses de cette terre, qui momifie les cadavres et les préserve de la corruption. >>
Alan: Quelles étaient ces propriétés miraculeuses ?
Alain: Grâce à la bonne aération et à l’extrême sécheresse du sous-sol palermitain, en tuf volcanique, les premiers corps déposés là dans l’attente d’une inhumation se sont sans doute déshydratés tout seuls, perdant en quelques mois l’eau de leurs organes.
Alan: Qu'en ont pensé les moines ?
Alain: Les moines y ont vu un signe du ciel et se sont contentés, ensuite, d’améliorer cette momification naturelle pour les défunts suivants.