Je me lève après huit heures du matin, un peu plus tard que d'habitude, prêt à faire face à un autre dimanche habituel – peut-être, un des derniers. Le fait que ce soit du canapé que je me lève, et non pas de mon lit, me rappelle des changements qui sont en cours, et que à ce point là, même si je le voulais, je ne pourrais plus arrêter. Mon ex dort dans la chambre et je ne veux pas la réveiller, donc mon premier café du jour devra attendre. Je sors pour acheter des petits pains pour le brunch. L'air est frais mais agréable, et je décide de me promener un peu avant d'aller à la boulangerie. D'ici trois semaines, je ferai encore des petites promenades matinales, mais ce sera dans un autre quartier. Je ne démenage pas loin: 3.6 km, dit Google Maps.

Dans l'après-midi, je descends pour trier les affaires que je garde dans la cave. Il n'y a pas beaucoup d'espace de rangement dans mon nouvel appart, et je vais devoir donner ou jeter beaucoup des choses. Cela ne va pas être un grand sacrifice: je me rends compte que j'ai encore des cartons que je n'ai pas encore complètement déballés dépuis mon avant-dernier déménagement. Devoir me débarasser de plein de petits choses inutiles que j'ai gardé 4 ans dans une cave, ça va me faire du bien, je crois. Un nouveau départ, après tout, exige des sacrifices.

Au milieu des anciens bulletins de paie et d'autres documents qui me sont, maintenant, complètement inutiles, je trouve une lettre, écrite en 2013 par un Leo beaucoup plus jeune mais tout aussi désorienté, une lettre que je n'ai jamais envoyée. "J'aime bien être celibataire", ce vieux Leo proclamait, après une autre rupture. "Je crois que, tout simplement, je ne suis pas fait pour des rélations stables. De plus, je ne veux même pas avoir une famille, qui est, à mes yeux, la seule raison pour choisir une vie monogame". Huit ans de vie monogame plus tard, je me retrouve à avoir les mêmes pensées. J'ai bouclé la boucle.

Dans deux ou trois semaines, je déménagerai. J'espère que je vais rester ami avec mon ex, mais ce qui est sûr est que ma vie actuelle va changer encore une fois, comme elle a changé beaucoup de fois avant. Finalement, je ne crois pas que ça soit quelque chose de négatif. Les changements sont durs, mais une vie qui ne change jamais serait pire. Et, parmi tout ce stress et cette tristesse, il y a aussi un peu de sens de l'aventure. Je n'ai aucune idée d'où je serai d'ici un an, et, quelque part, j'aime ça.