Le Mage du Kremlin est un livre captivant, un mélange de faits et d’imagination raconté avec une voix à la fois douce et menaçante. Le livre suit l’histoire d’un homme au centre des politiques russes, Vadim Baranov, un ancien comédien devenu conseiller politique pour le nouveau président russe, Vladimir Poutine. Pendant des années, Vadim aide le Tsar à diriger le gouvernement pendant des événements, tels que le naufrage d'un sous-marin qui s’appelle le Kursk, la guerre en Ukraine et la cérémonie d'ouverture des Olympiques à Sochi.
J'aurais aimé lire ce roman en ayant une meilleure compréhension de l'histoire russe. Da Empoli est ancien conseiller du premier ministre italien et son livre est basé sur des faits réels, même s'il s'agit d'un roman. Je ne peux pas apprécier la profondeur de son analyse politique sans en savoir plus sur l'histoire de la Russie. Je me demande aussi si da Empoli se serait davantage concentré sur l'Ukraine si le livre avait été publié plus tard ; il est publié en 2022, deux mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
En revanche, je suis étudiante de lettres alors j’ai beaucoup apprécié le style du livre, même si je l’ai lu en français, ce qu’est ma langue seconde. Des expressions telles que "Que penses-tu d'arrêter de créer des fictions et de commencer à créer la réalité ?" m'ont donné des frissons en raison de leur fluidité et de leur simplicité. L'auteur saisit la froideur des personnages et la tension entre eux quand ils se disputent ou élaborent un plan. Il capture aussi le contentement machiavélique des personnages qui, après avoir été croisés, se vengent.
Pendant le récit da Empoli aborde plusieurs thèmes y compris la relation entre l’art et la politique, les fictions et la réalité et comment fonctionne le pouvoir. Il traite la politique comme le théâtre avant-garde : « Mais aujourd’hui les artistes sont de retour. Regardez autour de vous. De quelque côté que vous vous tourniez, il n’y a que des artistes d’avant-garde qui prétendent non pas décrire la réalité mais la créer. Il n’y a que le style qui ait changé. Aujourd’hui, à la place des artistes de jadis, il y a des personnages des reality-shows. Mais le principe reste le même. » Ce thème, comme le livre lui-même, marche sur la corde raide entre la fiction et la réalité, la représentation et la politique.
Avec un livre comme Le Mage du Kremlin - une parti roman, une parti analyse politique - il est difficile de dire où s'arrête la fiction et où commence la réalité. Comme Vadim dit : « Crois-moi, la seule chose que tu peux contrôler c’est ta façon d’interpréter les événements. »