Johannes Jacobus Beek avait 60 ans en 1907. De profession, il était vendeur et employé de bureau et il menait une vie tranquille. Il ne se doutait pas qu'un jour il serait le protagoniste d'un des plus importants jugements néerlandais de tous les temps.
Avec un collège, Willem Markus, Johannes a travaillé comme marketeur. Dans cette fonction, Johannes et Willem étaient responsables de la collecte des fonds pour les marchés annuels, les marchés hebdomadaires et les foires. Un jour, Willem a suspecté que Johannes retenait de l'argent et il lui a confronté avec cela. Johannes a avoué et a tout remboursé, mais cela n'avait servi à rien: Johannes a été licencié par l'exécutif municipal le 17 mai 1907.
Bien sûr, il était furieux au Willem, qui avait promis de ne pas signaler l'incident à l'exécutif municipal. Ce licenciement et la perte d'une grande partie de ses revenus ont suscité une haine profonde contre Willem. Johannes a donc décidé de le tuer. De plus, il espérait pouvoir retrouver son ancien travail après la mort de Willem.
Le 28 septembre 1910, il est rendu dans une pharmacie et a acheté de la mort-aux-rats (arsenic). Puis, il est allé à Haarlem en train, où il a acheté un gâteau dans une pâtisserie. C'est là que Johannes a mis le poison. Il est ensuite rendu à Amsterdam et a livré le gâteau sous un faux nom à Van Gend & Loos, la plus grande entreprise de transport des Pays-Bas à l'époque. Le jour suivant, le gâteau a été livré à la famille Markus.
Mais Willem n'a pas mangé le gâteau. Sa femme, Maria Markus-Musman, et sa servante, Grietje Appelman, l'ont fait. Mme Markus est morte la nuit suivante, la servante était gravement malade, mais a survécu.
Il était connu que Johannes détestait Willem et cela a permis la police de l'arrêter rapidement. Le 4 octobre, il a fait des avouements. Il a également déclaré qu'il avait pensé que quelqu'un d'autre que Willem pouvait manger le gâteau. En fin de compte, cela est révélé d'une grande importance.
Pour condamner quelqu'un pour meurtre, il faut qu'il y avait une intention. L'intention implique que l'on connait les conséquences de ses actions et que l'on souhaite ces conséquences.
Devant le tribunal de district d'Alkmaar, le procureur a demandé une condamnation pour le meurtre de Mme Markus et pour la tentative de meurtre de la servante. Pourtant, les juges ont décidé qu'il n'y avait qu'un homicide involontaire et une tentative d'homicide involontaire, parce que Johannes avait après tout seulement voulu tuer Willem.
Mais en appel, la Cour d'appel d'Amsterdam a décidé autrement. Johannes avait réalisé que quelqu'un d'autre que Willem pouvait manger le gâteau. Malgré cela, il a fait livrer le gâteau, ce qui finalement causé la mort de Mme Markus. La Cour a condamné Johannes pour meurtre et tentative de meurtre. Ce verdict a été confirmé par la Cour suprême le 19 juin 1911 et est puisque connu sur le nom "Hoornse taart-arrest".
À suite de cette décision, l'intention conditionnelle est devenu la limite minimale de l'intention. Il y a intention conditionnelle si le suspect a consciemment accepté la probabilité considérable d'un résultat. Cela a un peu étiré la phase de préliminaire punitive.
Et Johannes? Après sa condamnation, il a été emprisonné à Leeuwarden, où il est mort en 1918. Une célébrité chez les juristes néerlandais.
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HR 19 juni 1911, ECLI:NL:HR:1911:1, W 9203 (Hoornse taart)
Texte très intéressant et bien écrit, bravo!!